LE GARS

Une histoire venue d’ailleurs, qui en même temps est la mienne, la recherche d’un absolu, une quête impossible. Tisser les lettres, les mots les inscrire dans un espace pour qu’ils reconstruisent l’histoire, réaliser une déambulation à travers les mots, les arbres, le vent et la neige. L’histoire se fait tableau, la toile se déchire, une porte de l’enfance s’ouvre et s’adresse à chacun de nous, nous entrons au coeur du merveilleux.

En 1922, Marina Tsvétaïeva écrit en russe un poème qui s’inspire du célèbre conte d’Afanassiev, Le Vampire, l’histoire de la belle Maroussia qui tombe amoureuse de celui avec lequel elle a dansé toute la nuit. Le lendemain, elle le suit à l’église et le voit dévorer un cadavre. En 1929, à Paris, elle entreprend de traduire son poème en français. Elle l’intitule Le Gars. Puis elle écrit un conte, toujours sur le même thème, et le fera précéder d’un avant-propos : « Ceci est l’histoire d’une jeune humaine qui aima mieux perdre ses proches, elle-même et son âme que son amour. Ceci est l’histoire d’un damné qui fit tout pour sauver celle qu’il devait infailliblement perdre. D’une humaine devenue inhumaine, d’un damné devenu humain… Et voici enfin, la Russie rouge d’un autre rouge que celui de ses drapeaux d’aujourd’hui. » Plus qu’en simples variations sur le thème de l’amour et de la mort, l’inquiétante étrangeté joue avec la langue. Vie et mort se croisent, se trahissent, se traduisent.

« Seul cri possible, pour Marina Tsvetaeva, écrivaine, poétesse d’exception, seul cri pour dire qu’aimer peut devenir perte d’âme, sacrifice de soi-même, consenti. Le Gars, poème qu’elle traduit elle-même en français, est inspiré par Le Vampire, d’Afanassiev, fondé sur les contes populaires russes ; et c’est ainsi que l’on touche le mieux ce mystère de « l’âme russe », comme sa musique faite de joie déchirée d’irrépressible nostalgie. » Olympia Alberti, Nice Matin, 17 mai 1992

Cie la terre qui penche

texte Marina Tsvetaeva 

mise en scène Claudie Landy
avec Marie-Claire Vilard
création sonore Christian Olivier
création lumière Vincent Dubois & Benoît Armand